Hypnose & Médias Mai 2022



Hypnose & Médias Mai 2022

Anxiété : comment se sortir de ses troubles anxieux

Par Isabelle Blin pour Top Santé

Chacun son tempérament mais, se faire du souci en permanence n'est pas une fatalité. Des prises en charge de l'anxiété ont fait la preuve de leur efficacité. On fait le point avec le Dr Jérôme Palazzolo, psychiatre, professeur de psychologie clinique et médicale.

Gorge nouée, boule au ventre... L'anxiété fait écho à une alarme envoyée par le cerveau : on sent plus ou moins consciemment qu'un danger nous guette ou qu'il va nous falloir affronter une difficulté. Bien que perçue comme désagréable, cette émotion est utile et bénéfique puisqu'elle attire notre attention sur un danger ou une situation à risque : par exemple, une soudaine forte fièvre chez un enfant ou le retard inexpliqué d'un ami habituellement ponctuel. En revanche, "l'anxiété devient pathologique si elle déborde certaines limites, soit parce qu'elle est trop importante, soit parce que notre capacité à la surmonter est insuffisante", précise le Dr Jérôme Palazzolo, psychiatre.

ANXIÉTÉ EXCESSIVE : QUELS SONT LES SIGNES ?
Cet état d'inquiétude excessive peut se traduire par des symptômes physiques (rythme cardiaque irrégulier, maux de tête, douleurs abdominales, crises de spasmophilie...), mais aussi par des difficultés de concentration et des réactions inappropriées à des situations pourtant sans importance. Il envahit toutes les pensées et maintient la personne dans un état permanent de tension et de vigilance.

Comme en témoigne Sixtine. Cette jeune quinqua hyperactive dit s'inquiéter "du matin au soir pour tout et n'importe quoi : une-mail sans réponse, les déboires sentimentaux d'un ami, les conséquences possibles d'un vaccin, la perspective d'un retard de train, etc." La personne focalise son attention sur de futurs événements perçus comme potentiellement dangereux. Elle redoute en permanence de perdre le contrôle, de devenir folle ou de mourir. Elle en oublie de vivre les moments présents et rumine sans cesse ses inquiétudes, comme si cela pouvait la protéger.

Parfois, l'anxiété est telle qu'elle provoque des crises de panique, comme dans le cas des phobies. Celles-ci déclenchent une peur incontrôlable qui incite la personne à éviter toutes les situations similaires dans lesquelles sapeur pourrait resurgir brutalement. Autre manifestation d'une anxiété envahissante, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) qui poussent les personnes qui en souffrent à apaiser leur anxiété par des rituels répétitifs et irrépressibles : lavages, vérifications, accumulations d'objets, etc.

A QUOI EST-ELLE DUE ?
"À l'origine de cette anxiété excessive, un élément extérieur (le chien qui a mordu, la supérieure qui harcèle...), mais aussi souvent une dynamique d'apprentissage ", observe le psychiatre. Une situation particulière, par exemple un léger malaise vagal dans le bus, a induit une anxiété, le cerveau l'a enregistré et va ensuite généraliser cet apprentissage à des situations ressemblantes (autres moyens de transport). D'autres fois, c'est un père terrorisé par le feu ou les accidents de la circulation qui va transmettre cet apprentissage.

Ensuite, l'angoisse renforce l'angoisse... Parallèlement, on observe dans le cerveau "un effondrement du taux de sérotonine, un neurotransmetteur qui joue un rôle protecteur au niveau du cerveau". On sait aussi que l'activité du cortex préfrontal (une zone du lobe frontal) est modifiée chez les personnes souffrant d'anxiété. Les régions impliquées dans la régulation des émotions sont en sous-activité, tandis que d'autres comme l'amygdale et l'hypothalamus ou encore le cortex cingulaire antérieur subgénual, impliqué dans la génération d'émotions, sont au contraire suractives.

COMMENT SE DÉBARRASSER DE SON ANXIÉTÉ ?
"Pour donner au patient le maximum de chances de sortir de ses troubles anxieux, le traitement doit prendre en compte tous les aspects du trouble, dès que possible, assure le Dr Palazzolo. L'objectif est que cette anxiété ne soit plus un handicap."

Incontournables, les thérapies cognitivo-comportementales permettent de travailler sur le comportement d'évitement et de désapprendre un mode de pensée inadapté. C'est le traitement de référence des troubles anxieux. "Ces thérapies brèves centrées sur les problèmes actuels du patient s'appuient sur l'observation et la régulation des liens entre les émotions, les pensées et les comportements" explique la Dre Sylvie Wieviorka, psychiatre. Le thérapeute analyse avec son patient les pensées automatiques et les comportements qui le font souffrir et qu'il entretient malgré tout. Il va ensuite l'accompagner vers un schéma de pensée plus réaliste. Car le plus souvent, c'est notre propre interprétation de la situation qui nous fait souffrir et non la situation elle-même.

Parallèlement, le thérapeute propose à son patient un ensemble de techniques (respiration, jeux de rôle, détente musculaire, affirmation de soi, auto hypnose, etc.) qui vont l'aider à gérer ses symptômes d'anxiété. Des exercices pratiques permettent au patient de se confronter progressivement à la situation anxiogène (dans la réalité ou avec un casque de réalité virtuelle), au cabinet avec le praticien dans un premier temps, puis dans la vie réelle entre deux consultations. «Le but, souligne le Dr Palazzolo,est d'augmenter la fréquence des expériences positives, de briser les schémas d'évitement et de désespoir, et de réduire si cela est possible la survenue des événements négatifs. »

Si besoin, on y associera un traitement médicamenteux. Pas des anxiolytiques comme on pourrait le croire, mais des antidépresseurs de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS), seuls capables d'augmenter le taux de sérotonine. Et bien sûr, on changera si possible l'environnement générateur d'anxiété (travail, vieille voiture...). Les résultats dépendent de l'intensité et de l'ancienneté de l'anxiété. Plus on intervient tôt, plus il est facile d'en sortir, même si une personnalité anxieuse le restera toujours.

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Impact des séances d’hypnose en médecine interne à court et long terme,

M. Valiere, A. Peterschmitt, M. Lugosi,
In La Revue de Médecine Interne,
Volume 42, Supplement 2,
2021,
Pages A334-A335,
ISSN 0248-8663,
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2021.10.301.
(https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866321010250)

Abstract: Introduction
L’usage de l’hypnose en médecine interne se justifie par l’intrication psycho-somatique probable dans les maladies auto-immunes (MAI) [1], et par l’influence du psychisme dans les symptômes médicalement inexpliqués (SMI) qui constituent un autre pan important de la médecine interne [2]. Elle peut également être utile pour l’aide à la gestion de ces maladies chroniques retentissant sur la qualité de vie des patients. L’objectif de cette étude était de décrire l’impact à court et long terme des séances d’hypnose réalisées chez des patients suivis en médecine interne.

Patients et méthodes
Tous les patients consécutifs ayant réalisé au moins une séance d’hypnose dans le cadre d’un suivi en médecine interne au Groupe Hospitalier Mutualiste de Grenoble entre le 28/08/2015 (date de la toute 1ère consultation) et le 17/03/2020 (date du confinement lié au Covid) ont été inclus. Les données médicales ont été collectées sur dossier, et un questionnaire qualitatif a été proposé par téléphone à tous les patients joignables. Ce questionnaire comportait 7 questions fermées, dont quatre quant à l’impact estimé par échelles de Likert des séances d’hypnose sur leur motif de consultation et sur leur qualité de vie. Une question ouverte permettait aux patients de s’exprimer sur les raisons de cet impact. Celles-ci ont été synthétisées par analyse thématique [3].

Résultats
Soixante-douze patients ont été inclus, présentant pour moitié une MAI et pour 39 % un SMI. Les plaintes principales étaient l’asthénie, l’anxiété et les arthro-myalgies. La demande d’aide pour le sevrage tabac était une indication de l’hypnose dans un cas sur cinq. Sur les 58 patients ayant complété le questionnaire, la moitié rapportaient une amélioration à court terme sur leur motif de consultation et sur leur qualité de vie (respectivement 55 % et 52 %), principalement grâce à une sensation de bien-être immédiat. Presque autant (respectivement 41 % et 43 %) déclaraient une amélioration sur le long terme avec un impact encore présent des mois voire des années après, grâce à une meilleure compréhension de soi-même, une aide à la gestion du stress et de la maladie, une amélioration psycho-somatique ou encore un changement de vie favorisé par les séances d’hypnose. Cinq pour cent des patients déclaraient une légère dégradation à court terme principalement en raison de remontée de souvenirs désagréables, et seuls 3 patients se plaignaient d’une légère dégradation à long terme. Plus de 50 % des patients également suivis en médecine interne par le médecin hypnothérapeute estimaient que les séances d’hypnose avaient eu un impact positif sur leur relation médecin/patient. Au-delà de ce renforcement de la relation, la majorité des patients concernés (67 %) trouvait franchement avantageux ce double suivi permettant entre autres une connaissance plus globale du patient et une limitation du nombre d’interlocuteurs. De nombreux patients soulignaient également l’importance de la confiance accordée au préalable au praticien, utile voire indispensable pour accepter l’utilisation de l’hypnose. Plusieurs d’entre eux rapportaient à ce sujet des a priori négatifs sur l’hypnose effacés grâce à ces séances. La réalisation des séances au sein de l’hôpital était rassurante pour certains, mais problématique pour d’autres avec toutefois des pistes d’amélioration de l’environnement plus propices à la relaxation.

Conclusion
La réalisation de séances d’hypnose pour les patients en médecine interne s’avère bénéfique pour un grand nombre de patients, avec très peu d’effets indésirables. Ces séances sont particulièrement intéressantes lorsqu’elles sont pratiquées par le médecin interniste, favorisant une connaissance globale du patient et un renforcement de la relation médecin-patient très utiles en médecine interne. Cela permet également à certains patients d’accepter dans un cadre rassurant une pratique parfois entachée d’a priori négatifs.


Laurence ADJADJ
Présidente de France EMDR-IMO, Présidente de l'Institut HYPNOTIM à Marseille. Responsable... En savoir plus sur cet auteur



Rédigé le Vendredi 17 Juin 2022 à 01:34 | Lu 1233 fois modifié le Vendredi 17 Juin 2022

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